Des dispositifs fragmentés en quête de rationalisation

Pour beaucoup d’entreprises, en particulier les grandes structures, le paysage Digital Learning a tout du casse-tête… LMS multiples (certaines grandes entreprises internationalisées allant jusqu'à compter cinq Learning Management Systems ou plus), outils de gestion de la formation (Training Management Systes), plateformes d’évaluation, applications mobiles, outils de création de contenus et autres fournisseurs de solutions forment, en effet, un écosystème complexe, souvent désordonné. « La question aujourd’hui est de simplifier ces dispositifs sans renoncer aux fonctionnalités essentielles », souligne Pierre-Henri Amalric (CEO, Xperteam). Cette problématique, mise en évidence lors du webinaire, est corroborée par les résultats de la Grande Enquête du Digital Learning 2025 menée par Féfaur et le salon Innovative Learning by eLearning Expo. Près de 58,3 % des services de formation déclarent vouloir innover dans leurs formats pédagogiques pour répondre aux attentes des apprenants. Mais l’innovation ne peut se faire au détriment de l’efficacité : la priorité est de rationaliser les outils existants pour gagner en simplicité et en cohérence. « Nos clients nous demandent des solutions évolutives capables de répondre aux priorités immédiates, tout en s’adaptant aux besoins futurs », poursuit Pierre-Henri Amalric. Cette vision repose sur une approche stratégique : distinguer ce qui est essentiel aujourd’hui du superflu, tout en préparant l’avenir.

L’IA : moteur d’innovation pour la création de contenu et l’analyse des données

En parallèle de cette simplification nécessaire, l’intelligence artificielle s’impose comme un moteur d’innovation dans le Digital Learning. L’étude Féfaur révèle que 67,5 % des fournisseurs mettent désormais l’accent sur l’amélioration de l’expérience apprenante grâce à l’IA, tandis que 66 % des entreprises la considèrent comme une technologie clé pour 2025. « L’IA générative a changé la donne, notamment pour la création de contenu », précise Virginie Ducey, consultante Digital Learning chez Xperteam-Easy. Aujourd’hui, il est possible d’automatiser la génération de questionnaires, de traductions multilingues, de scénarios pédagogiques ou encore de voix-off synthétiques. Ces avancées permettent un gain de temps significatif pour les équipes, mais nécessitent encore une supervision humaine. L’IA ne se limite pas à la production de contenus : elle joue aussi un rôle majeur dans l’exploitation des données d’apprentissage. « Depuis des années, nous collectons des données via les LMS, mais elles sont sous-exploitées. L’IA analytique va permettre une exploitation beaucoup plus fine pour améliorer les recommandations et mesurer l’impact des formations », ajoute Pierre-Henri Amalric. Cette approche data-driven s’inscrit dans une volonté plus globale des Directions de formation d’évaluer précisément le retour sur investissement des actions de formation. Selon l’enquête, 35,4 % des services de formation placent l’évaluation de l’impact au cœur de leurs préoccupations.

Le phygital : une convergence assumée entre présentiel et digital

Si les périodes de confinement ont accéléré l’adoption des outils digitaux, le présentiel a fait son grand retour dans les entreprises. Pourtant, un modèle mixte s’impose désormais : le phygital, combinaison du présentiel et du digital. Un cas emblématique évoqué durant le webinaire est celui du groupe Apave. « Nous avons développé une capsule ludique intégrée à un dispositif phygital pour former 14 000 collaborateurs en huit langues », explique Virginie Ducey. Construit autour d’une approche immersive, ce dispositif utilise Mobi Teach, une solution qui mêle quiz, jeux de rôle et feedback en temps réel. « L’objectif est clair : remettre le digital au cœur du présentiel pour renforcer l’engagement et mesurer les résultats », ajoute Virginie Ducey. Ce type de projet illustre l’évolution des pratiques pédagogiques, où le digital ne remplace pas le présentiel mais vient l’enrichir. Ce modèle, désormais plébiscité, répond également à une autre priorité mise en avant par 31,3 % des entreprises : améliorer le transfert des acquis en situation de travail.

2025 : des innovations au service de la simplicité et de l’expérience apprenante

Les perspectives pour 2025, partagées par Pierre-Henri Amalric lors du webinaire, dessinent un futur où l’innovation technologique s’allie à la simplicité. « L’administration d’un LMS est encore trop chronophage. L’IA permettra d’automatiser certaines tâches et d’assister les administrateurs via des agents conversationnels. » Cette innovation répond directement aux attentes des Directions de formation, soucieuses d’alléger leurs processus. Un autre axe prometteur repose sur les tuteurs virtuels intégrés aux plateformes. Ces assistants intelligents guideront les apprenants en temps réel. « C’est une réponse concrète pour mieux articuler formation synchrone et asynchrone », précise-t-il. Enfin, les marketplaces de contenus, encore perfectibles, représentent un autre levier de simplification. Avec l’explosion des contenus disponibles, la question de leur accessibilité devient centrale. L’IA permettra de centraliser les ressources internes et externes, d’automatiser leur mise à jour et d’assurer des recommandations pertinentes, tout en intégrant une dimension sociale grâce au scoring effectué par les apprenants (ressemblant à ce que propose par YouTube). Ces innovations s’accompagnent d’une exigence de frugalité et d’écoconception. Face à des budgets contraints, les entreprises devront maximiser l’impact de leurs dispositifs tout en réduisant leur empreinte environnementale. « L’année 2025 sera celle de l’innovation utile, simple et responsable », résume Pierre-Henri Amalric.

Pour suivre le replay du webinaire Digital Learning ce qui a changé en 2024, ce qui vous attend en 2025